Robert Zemeckis, 1997 (États-Unis)
Après avoir été évoqué en 1996 dans Independance day (Emmerich) et même si les Martiens avaient déjà débarqués trois mois plus tôt pour tout anéantir dans Mars attacks! (Burton), le programme de recherche d’une intelligence extraterrestre (SETI) devient le sujet de Contact de Zemeckis dès l’année suivante. Adapté d’un roman de Carl Sagan, Contact confronte plutôt habilement dans le scénario (la mise en scène ayant ses défauts) la raison du Dr. Eleanor Arroway (Jodie Foster), qui n’a foi que dans les faits, à la croyance en Dieu.
Le début du film montre la passion d’Eleanor fillette pour l’astronomie et établit un lien important pour la suite entre les étoiles et le désir de communiquer avec les êtres chers disparus. Ainsi, le début du film glisse sinon une faille dans la position qu’Arroway adoptera en tant que scientifique, du moins une possible inclinaison mystique, une contradiction qui lui faudra résoudre en son temps. En terme de réalisation, un moment marque particulièrement la première séquence. Le père (David Morse) vient de s’effondrer d’une crise cardiaque et, déjà mort, il est laissé hors-champs. Zemeckis suit Ellie des escaliers jusqu’au placard à pharmacie et un effet miroir que l’on n’attendait pas là rend le mouvement d’ensemble assez impressionnant (même si, à cause du drame exagérément surligné, la scène reste imparfaite). Arroway devenue astronome consacre ensuite sa vie à l’écoute des ondes émises depuis l’espace. Du radiotéléscope d’Arecibo sur Porto Rico au Very Large Array au Nouveau-Mexique, une large partie du film s’attarde sur le programme de recherche et ses difficultés de financement… jusqu’à ce qu’un mystérieux milliardaire mourant (incarné par John Hurt, personnage ressemblant au Peter Weyland de Prometheus de Scott, 2012) accorde ses crédits au projet et permettent aux astronomes de se remettre à la tâche.
Dans un esprit très « américain », le récit fait place à une histoire d’amour entre la scientifique et un beau théologien (Matthew McConaughey). On trouve aussi mêlée la figure collée du président Bill Clinton (véritables images du président insérées dans le film sans l’autorisation du gouvernement ; et alors que le président est une femme dans le roman) à une étrange compétition pour savoir quel patriote voyagera dans l’espace (puisque contact il finit par y avoir). En effet, des extraterrestres basés sur Véga ont généreusement laissés aux humains les plans d’un engin extraordinaire à assembler pour voyager parmi les étoiles… L’épisode terroriste passé (un illuminé), le vilain concurrent écarté (Tom Skerritt), Arroway est envoyée dans l’espace et fait l’objet d’une expérience new age (bleu criard, plage et cocotiers sous horizon cosmique). Si le voyage spatial dans un premier temps nous rappelle que les années 1990 croyaient faire du beau avec n’importe quelle fantaisie numérique, il est surtout l’occasion pour le personnage, qui n’a aucun moyen de prouver ce qu’il a vécu, de faire tomber toutes ses certitudes et de mieux se retrouver (boussole aidant) dans les bras de l’homme de foi (McConaughey).
« – Special relativity. This machine… if it works, you travel to Vega at the speed of light. When you come back…
– If you come back.
– If you come back… you’ll be 4 years older, but over 50 years will have passed here on Earth.
– Basically.
– And everybody that you care about will be gone, dead and buried. If you came back, if you survived at all… »
Après Interstellar (2014), il est étonnant d’entendre ce discours de la bouche de Matthew McConaughey (puisque l’acteur joue dans les deux films deux rôles très différents). D’autant que les films de Robert Zemeckis et de Christopher Nolan travaillent tout deux et à leur manière cette confrontation entre science et croyances. De plus, dans les deux histoires, la traversée de trous de ver, après une séparation que l’on aurait pu croire définitive, permet malgré tout de se retrouver face aux êtres les plus chers (une fille pour son père dans Interstellar, un père pour sa fille dans Contact). Après Premier contact (Villeneuve, 2016), il est aussi curieux de retrouver dans le film de Zemeckis une scientifique buttant sur des énigmes liées à un échange avec une intelligence extraterrestre avant de voir sa vie absolument transformée par sa découverte. Même si vingt ans plus tard, le film de Villeneuve débarrasse son héroïne de la trop forte dépendance aux hommes (le père, l’amant, l’employeur, le financier), Contact a le mérite d’avoir, dans un film de science-fiction, fait d’une femme son personnage principal, et l’interprétation de Jodie Foster est un autre atout. Contrairement aux deux réalisations citées néanmoins, Contact, sans être non plus déplaisant, n’échappe pas à cet égocentrisme américain à une époque où les Etats-Unis sont encore confiants, ni à la fadaise qui accompagnent souvent les films de Zemeckis.
Je me souviens ne pas l’avoir vraiment apprécié à l’époque, mais un second visionnage s’impose. Le scénario de Contact a sans aucun doute inspiré celui d’Interstellar.