Kimberly Peirce, 2013 (États-Unis)
Quand Carrie au bal se demande ce qu’elle fait là (Chloë Grace Moretz), c’est un peu comme si Carrie (le film) s’interrogeait sur l’intérêt de son existence. On pense d’abord à une erreur de casting car Chloë Grace Moretz n’a pas tout à fait le physique trouble de Sissy Spacek et le fruit des réflexions apportées par les coiffeurs sur sa chevelure un peu crasseuse ou par les costumiers sur son entière garde-robe (salopette et chemise à carreaux) ne nous fait pas croire davantage en son personnage. Ce n’est pourtant pas l’actrice de Amityville nouvelle version (Douglas, 2005), Kick-ass (Vaughn, 2010) ou Dark shadows (Burton, 2012) qui nous gêne le plus. Le problème c’est que Kimberly Peirce n’ajoute strictement rien au Carrie de 1976. Chaque scène est calquée sur l’original en moins bien. Il n’y a plus aucun mouvement de caméra ni aucun des effets qui ont fait toute la valeur du film de De Palma (les manigances de la scène de bal tombent à plat). Le remake est également plus prude : exit les caresses sous la douche et dans les vestiaires rhabillez-moi vite toutes ces demoiselles. Une nouvelle version de Carrie aurait pu surtout dire quelque chose d’actuel, par exemple et parce que le sujet est à portée d’écriture, sur la violence adolescente filmée par téléphones portables, diffusée et consommée sur le net. On voit bien un téléphone ou deux, il est bien question d’une vidéo des sévices subies par Carrie et le dernier qui s’essaye à la filmer finit bien aplati comme une crêpe. Mais rien de discursif dans tout ça ni de très organisé. Quant à Julianne Moore, pour ne pas être méchant, surmaquillées ou surexcitées, un peu comme s’il fallait surenchérir sur Meryl Streep, on la croit en ce moment un peu trop dispersée : ainsi en 2014, Hunger games – La révolte de Lawrence, le très abrasif Maps to the stars de Cronenberg ou Seventh son du Russe Bodrov.