Ken Russel, 1981 (États-Unis)
Perdu quelque part entre 2001, l’odyssée de l’espace (Kubrick, 1968) et Wolf (Nichols, 1994), Au-delà du réel revisite les années 1970 et les drogues en tout genre pour un trip paléoanthropologique. L’universitaire William Hurt étudie les rêves faits lors de transes et sous l’emprise de psychotropes. Il expérimente lui-même et, encore étudiant, il commence le corps immergé à la verticale dans un caisson d’isolement branché à ses instruments de mesures.
Encouragé par des résultats de plus en plus extraordinaires, le neuropsychiatre délaisse progressivement sa vie de famille et poursuit ses recherches au mépris des risques. Ses sommeils répétés le conduisent ainsi à chaque fois un peu plus loin dans le temps et le ramène à l’état primitif d’homme-singe. Toutefois, cette vision de l’homme des origines est si forte qu’elle transforme le scientifique en primate.
Quand William Hurt part en transe, Ken Russel joue avec des effets visuels (apparitions de la bête de l’Apocalypse en surimpression, effets kaléidoscopiques et couleurs ultra saturées) qui n’ont rien de très originaux pour les années 1980 mais qui n’ont pas si mal vieillis non plus ; on pense aux films de Carpenter ou de Cronenberg sortis à cette époque. L’homme sans âge de Coppola (2007) y ressemble aussi par bien des aspects, non plus visuels cette fois mais thématiques : par la recherche des origines, plus mystique que scientifique, et par les transformations psychosomatiques. Au-delà du réel comporte également des maladresses de mise en scène (par exemple lorsque William Hurt couche sa fille et tient au-dessus du lit et sans discrétion aucune une conversation sur l’avenir de son couple avec son collègue). Rien de bien différent en somme que les petites séries B auxquelles le réalisateur de Gothic (1986) nous a habitués.