Kamal K. M., 2012 (Inde)
Le passeport, la carte de crédit, le téléphone portable révèlent notre identité. Le héros du film de Kamal K.M., peintre en bâtiment à Mumbai, ne possède rien de tout cela. Un homme sans pièce d’identité parmi des milliers d’autres.
Une jeune fille, Charu, loue un appartement avec des amis à Mumbai. Elle cherche du travail dans le marketing et mène une vie active. Mais dans sa routine intervient quelque chose d’inattendu. L’ouvrier, qui venait de peindre le mur de son appartement, perd connaissance. Charu va alors surmonter une série d’épreuves pour connaître l’identité de cet homme. Comment, dans le tourbillon du quotidien, aider une personne tout à fait inconnue, sur laquelle on ne possède aucune information ? La jeune fille cherchera, seule, l’issue à cette situation. Charu s’accroche à toutes les pistes, véritables bouts de ficelles, mais cela ne mène nulle part. Toutes ses émotions, elle les gardera en elle, débutant ainsi un processus intime. Petit à petit, sa façon de penser va évoluer. La recherche de l’Identity Document (I.D.) du peintre lui permettra de découvrir un autre monde. Elle fera le trajet du centre-ville vers les bidonvilles. Devant le spectateur apparaissent alors les images contrastées de la vie de Mumbai. Le centre, la périphérie, la police, l’hôpital, les chauffeurs de taxi, les gardiens de sécurité : Kamal K.M. peint une réalité effrayante, avec une recherche proche du documentaire.
Le réalisateur ne raconte pas seulement l’histoire d’un ouvrier sans identité. Par ce récit, concernant un seul homme, il évoque la vie de milliers de personnes qui viennent à Mumbai. Kamal K.M. décrit le problème des travailleurs migrants, dont l’identité est souvent impossible à déterminer. Ils arrivent dans la mégapole pour gagner de l’argent, mais délaissent leurs racines et se séparent de ce qui les définit vraiment. À la fin du film, le spectateur découvre les visages inconnus des habitants de Mumbai. Des milliers d’étrangers qui vont, vivent et se déplacent. Chacun d’eux cache l’histoire de sa vie passée. Personne ne saura jamais qui ils sont. Sans I.D., les hommes sont invisibles.
Oksana Chirkashina pour la 34e édition du Festival des 3 Continents