Les proies (El rey de la montaña)

Gonzalo Lopez-Gallego, 2008 (Espagne)

Décidément, le cinéma espagnol est en pleine effervescence cette année 2008, que ce soit dans le domaine de l’horreur ou de l’épouvante (L’orphelinat de Juan Antonio Bayona, [Rec] de Paco Plaza et Jaume Balagueró…) ou bien dans celui du suspense comme ici. Un point commun à tous ces films : une indéniable qualité.

Le scénario est à l’image du film : simple, sobre, hyper réaliste et très efficace. Un conducteur s’arrête dans une station service, fait la furtive rencontre d’une charmante demoiselle dans les toilettes (oui, furtive la rencontre !) et reprend la route. En traversant une forêt il perd son chemin et commence à se faire tirer dessus par un sniper posté en haut de la montagne ! Le reste du film est donc une traque, une chasse à l’homme, avec ses rebondissements que je n’évoquerai pas ici pour bien sûr laisser la surprise aux futurs spectateurs.

Tourné de la façon la plus simple qui soit, avec une image aux couleurs volontairement ternes et fades, Les Proies tient en haleine par son suspense et son côté très réaliste (parfois, en caméra au poing, à la limite du document amateur). Le réalisateur avait mille occasions de nous faire sursauter, mais à aucun moment il ne tombe dans cette facilité. Donc au final le film ne fait pas forcément peur et ne joue pas d’effets d’esbrouffe inutiles pour nous donner l’envie de glisser sous les sièges… Néanmoins, dès que cette traque est commencée, on ne quitte plus l’écran des yeux une seule seconde.

Très bon thriller de survie, au rythme et au style d’une grande efficacité dont le scénario et le message font penser à Funny games U.S. de Michael Haneke (chroniqué sur le site). Leonardo Sbaraglia et Maria Valverde font un couple d’acteurs remarquable de sincérité et d’authenticité. A voir absolument.

3 commentaires à propos de “Les proies (El rey de la montaña)”

  1. Bon film effectivement, sobre et efficace au dénouement surprenant, mais faisant passer un message sur notre société…
    4 véhicules, 3 armes à feu, 2 acteurs principaux (8 au total), 1 décor naturel, ce qui prouve qu’il est encore possible de sortir des films corrects sans avoir une armada de moyens.
    A noter également une bande son agréable.
    Le cinéma espagnol est décidément en forme

  2. Le réalisateur G. Lopez-Gallego évoque ses influences (et Ludo n’a pas tort de citer Michael Haneke) dans un entretien de Jérémie Couston pour Télérama. Voici une de ses réponses :

    « La plupart de mes cinéastes de chevet possèdent des univers très personnels, parfois à la frontière du cinéma fantastique, comme Lynch. Mais les films de survie ne m’intéressent pas a priori. Mon choix va plutôt vers des réalisateurs qui ont développé un point de vue sur la violence au cinéma comme Gaspard Noé, Kubrick ou Haneke. Pendant l’écriture du scénario, nous avons souvent projeté Délivrance, de John Boorman ou Les Chiens de paille, de Sam Peckinpah. Mais j’ai délibérément choisi d’éviter les références trop faciles aux autres films de survie pour axer ma mise en scène sur l’univers et les codes du jeu vidéo. »

  3. Pas mal en effet cette série B espagnole. Par contre réaliste ? je ne trouve pas, tant les péripéties semblent s’enchaîner de manière assez peu crédible. Mais l’objet est clairement ailleurs, puisque sous le survival se niche une critique de l’influence des jeux vidéos (de l’aveu même du réalisateur). Ceci dit, le rapprochement avec le culpabilisant Funny games est pour le coup très pertinent.

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