Todd Phillips, 2009 (États-Unis)
Conservatisme affiché et clichés sur les bonnes mœurs américaines. Very bad trip dérange tout durant une heure mais s’applique ensuite à ne pas laisser de trace. Tout est bien rangé à la fin. Tout est nettoyé. Todd Phillips et les scénaristes créent un réjouissant chaos pour mieux le faire disparaître. Inutile donc.
Dans Zéropolis (Alia, 2002), Bruce Bégout décrit Las Vegas comme une ville de l’infantilisation permanente, un espace entièrement dévolu aux caprices de l’enfance, ces caprices qui, plus ou moins enfouis chez l’adulte et stimulés par le spectacle des lieux, d’un coup resurgissent au point d’annihiler toute raison. Et justement, c’est cette inconscience puérile qui caractérise pleinement le groupe de garçons parti s’éclater (« have fun!« ) sans plus se soucier ni de leur famille, ni de leur emploi, ni d’aucune autre des responsabilités quotidiennes.
Las Vegas est alors désignée comme la ville idéale pour le trip régressif qui est naturellement encouragé par le point de départ du film, un enterrement de vie de garçon.
« Lendemain de veille » (le titre canadien) mettrait donc en valeur la capacité de la capitale du jeu à bercer doucement ses clients, au point de leur faire tout oublier, tigre, poule, bébé, ainsi que les folles dépenses du séjour. Une fois les désirs assouvis et le ludique à nouveau maîtrisé (après un parcours qui, suivant le scénario est tout à fait traçable sur une carte), l’adulte reprend ses esprits et, avant de quitter « Zéropolis », peut conclure très sagement le film.
Carte « de la destruction » retraçant le parcours effectué dans Las Vegas (menu du dvd).
Conservatisme affiché ! Bonnes mœurs ! Il suffit de regarder le générique de fin pour voir qu’on est très loin du puritanisme exacerbé à l’américaine
Le film est fait de contradictions. Pourquoi oser tant de choses durant plus d’une heure et ne rien en faire ? Il ne s’agit pas de puritanisme, non, mais bien de bonnes mœurs.
La critique de Vincent Malausa sur Chronic’art relève aussi la contradiction. Entendre aussi l’excellente critique (à contre courant) faite par les animateurs du Cinéma est mort sur Canal B dans leur émission fin de saison (8 juillet 2009, entre 28″00 et 40″00 mn).
Pour ma part je considère Very bad trip comme un très mauvais film, des gags tous plus consternants les uns que les autres, j’ai dû rire trois fois à tout casser (un peu comme dans Mary à tout prix), c’est d’un mauvais goût indescriptible et sur le fond c’est carrément douteux. Même les dialogues ne rattrapent pas le scénario en carton (mais qui partait pourtant d’une idée astucieuse). Non franchement, c’est pour moi la plus grosse déception de ces dernières années, sachant que la bande annonce m’avait plutôt alléché.
Bon après, je ne prétends pas avoir le monopole du bon goût et si certains se marrent avec ce genre de film, je n’ai rien contre, mais pour ma part on ne m’y reprendra plus.
Attention : gros délire ! Moi qui m’attendais à un film trash et vulgaire, ou bien à un quelque chose proche du teen-movie, j’ai plutôt été agréablement surpris de tomber sur une excellente comédie, certes pas toujours très fine et de très bon goût, mais constituant un divertissement hilarant, à voir entre potes de préférence avec bières et pizzas !
Dans le genre comédie bien barrée, je n’avais pas autant ri depuis Tonnerre sous les tropiques (Ben Stiller, 2008). Mais à la place de stars telles que Stiller, Jack Black ou Robert Downey Jr. (qui auraient aussi, je pense, été à leur aise dans ce très mauvais trip !), ce sont des acteurs plus ou moins inconnus qui tiennent le haut de l’affiche, Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis (le barbu complètement déjanté qui se démarque le plus des autres, un vrai fou furieux complètement irrésistible !) et Justin Bartha.
Quatre potes se retrouvent à Las Vegas pour enterrer la vie de garçon de l’un d’entre eux en faisant une fiesta mémorable ! Mémorable ? En fait, oui et non car, question mémoire, c’est le trou noir au réveil avec ce qu’il est convenu d’appeler « la » gueule de bois (The hangover). Le problème est qu’ils ont perdu un de leur pote… Et manque de bol, justement celui qui doit se marier très prochainement ! Ils partent donc à la recherche d’indices, de minces souvenirs, pour tenter de reconstituer leur nuit de folie et retrouver le futur marié… Bien sûr, ils s’aperçoivent rapidement de la dimension colossale de leurs délires nocturnes guidés par l’alcool et d’autres substances illicites…
Very bad trip est un enchaînement ininterrompu de situations rocambolesques à hurler de rire, de quiproquos hallucinants, de dialogues d’une autre dimension… Le titre de la version française ramène à Very bad things (Peter Berg, 1999) dont le sujet est au départ le même, un enterrement de vie de garçon à Las Vegas qui tourne mal. Mais, si visiblement le réalisateur s’en est inspiré, il ne s’agit pas d’un remake. Notons également des points communs avec Las Vegas parano de Terry Gilliam (1998).
Bref, une très bonne comédie qui va parfois très loin mais jamais sans tomber dans le côté « débilisant » qu’ont parfois les Américains (Jackass…).