Une vie toute neuve

Ounie Lecomte, 2009 (Corée du Sud, France)

Un prénom coréen, un nom français. Ounie Lecomte débute dans la réalisation mais ne souffre d’aucune maladresse pour traiter d’un sujet personnel. La seule raison pour avoir situer ce récit au milieu des années 1970 relève de l’autobiographie. La petite Jinhee est souriante. Elle partage des moments privilégiés avec un père qui déborde du cadre. Par la sensibilité de la narration, le point de vue de l’enfant (aussi par la nationalité du film), on pense à [intlink id= »jiburo » type= »post »]Jiburo[/intlink] (Lee Jung-hyang, 2005). Mais, en dépit des perspectives gourmandes (les énormes gâteaux achetés), le ton s’assombrit. Si le père apparaît hors cadre, c’est moins parce que la caméra se met à hauteur de l’enfant que parce qu’il n’est déjà plus dans la vie de sa fille. Les gâteaux sont destinés aux nouveaux camarades de Jinhee, les enfants d’un orphelinat catholique à proximité de Séoul, là où le père abandonne la petite. Jinhee entre dans une période de rupture forte : elle doit enterrer la vie qu’elle a connue (dont on ne sait que très peu de choses) et ne pas craindre de s’accrocher à des adultes qu’elle ne connait pas encore (jolie métaphore quand un plan la montre serrant la taille d’un papa qui éclaire la nuit de sa lampe de bicyclette). Elle n’arrive pas à dire « père » en anglais, ne veut ni répondre ni sourire aux couples d’étrangers venus rendre visite aux orphelins. Puis elle finit par faire le deuil de son passé, du moins l’accepter ; une autre image la montre derrière une vitre nettoyée à grandes eaux… Une eau qui l’atteint et ne l’atteint pas. Une demande d’adoption vient de Paris et Jinhee construit encore son identité.

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