Peter Jackson, 2002 (États-Unis, Nouvelle-Zélande)
Les personnages approchent du Mordor et leur lente avancée vers des territoires aux dangers multiples dramatise un peu plus cet extraordinaire récit. Les héros sont séparés et les forces du bien attaquées de toute part à la fois par le maître des ténèbres Sauron et par le traître magicien Saroumane (le magistral Christopher Lee). Dans une tentative désespérée, afin de détruire l’anneau de pouvoir, Frodon, poursuit tant bien que mal sa route aidé par son fidèle compagnon Sam. Aragorn rejoint un pays allié, le Rohan, déjà envahi par l’ennemi. Merry et Pippin, les deux autres hobbits, se réfugient dans l’immense forêt de Fangorn et deviennent amis avec d’étranges créatures, les Ents. Mais ces nouveaux alliés pourront-ils aider dans le combat pour la Terre du Milieu et la sauver du déferlement de forces malfaisantes ?
Dans ce deuxième épisode de la trilogie du Seigneur des anneaux, Peter Jackson prend volontairement le parti de changer beaucoup d’éléments du roman dont il s’inspire. Des scènes sont ajoutées. Ainsi, l’attaque des Wargs, l’exorcisme du roi Théoden ou la conduite forcée de Frodon au Gondor par le capitaine Faramir sont absents du livre. Certains en ont été manifestement gênés, mais je trouve ces ajouts plutôt judicieux dans l’ensemble. Cela donne du rythme et les personnages gagnent en profondeur. En revanche, comme La communauté de l’anneau (2001), cet épisode n’est pas exempt de petites maladresses : Legolas joué par Orlando Bloom en fait parfois trop (désolé Mesdames d’attaquer ainsi le « sex-symbol ») et la scène montrant Grispoil, le cheval de Gandalf, au ralenti est assez « kitsch ». Malgré tout le souci du détail (costumes, armes, maquillages, décors…) est toujours irréprochable. Les paysages (en particulier ceux du Rohan) et les scènes de batailles sont à couper le souffle. On doit enfin tirer un grand coup de chapeau aux effets numériques quasiment révolutionnaires (le personnage de Gollum, tout en images de synthèse est une très grande réussite).
Peter Jackson signe donc une deuxième partie nettement plus sombre et plus aboutie. Parmi mes scènes préférées, retenons encore la bataille du gouffre de Helm et la vision de la cité d’Edoras.
Bon, j’ai dit tout le bien que je pensais du Seigneur des anneaux dans mon récent commentaire sur la première partie de la trilogie, La communauté de l’anneau, je vais donc tâcher de faire plus court cette fois ! Comme dans le livre, Peter Jackson a séparé le SDA en trois parties mais il faut garder à l’esprit que c’est un seul et même film et pour moi c’est une aberration d’avoir vu seulement La communauté de l’anneau, Les deux tours ou Le retour du roi et pas les trois (certains ont même vu la 2ème ou 3ème partie sans la 1ère… Inconcevable!!). Il m’est donc aussi difficile de dire quelle partie j’ai préférée, tant pour moi le SDA ne constitue qu’un seul et même métrage. Après, j’ai mes passages préférés dans chacunes d’entre elles : ici la bataille du gouffre de Helm évidemment, l’arrivée de Gandalf en tant que sauveur et cette scène épique digne d’une représentation mythologique lorsqu’il descend la colline vers la bataille, accompagné des Rohirrims et éblouïssant l’ennemi de sa blanche lumière magique… La marche des Ents (accompagné d’une toujours splendide musique), et bien d’autres encore comme le passage nostalgique et très gothique entre Arwen et son père Elrond :
« Si Aragorn survit à cette guerre, vous serez quand même séparés. Si Sauron est vaincu et Aragorn proclamé roi et que tous tes espoirs deviennent réalité, tu devras malheureusement goûter à l’amertume de la mortalité. Que ce soit par les dégâts du temps ou par l’épée, Aragorn mourra. Et rien ne pourra te réconforter, rien ne pourra soulager la douleur de son trépas. Il en viendra à mourir, une image de la splendeur des rois des hommes dans une gloire non ternie avant la destruction du monde. Mais toi, ma fille, tu erreras sans fin dans les ténèbres et le doute, comme la nuit d’hiver qui tombe sans bruit. Ici tu demeureras, prisonnière de ta douleur, sous les arbres qui dépérissent. Jusqu’à ce que le monde ait changé et que les longues années de ta vie se soient écoulées totalement. Arwen, il n’y a rien pour toi ici, hormis la mort. »
Comme je le disais, le SDA a été séparé en trois parties et pour l’adaptation cinématographique Peter Jackson a logiquement dû changer pas mal de choses par rapport au livre afin de mieux équilibrer ses épisodes et leur donner à chacun une sorte de « mini-fin ». Voilà pourquoi certaines scènes ont été supprimées, d’autres ajoutées, les dialogues de tel personnage mis dans la bouche d’un autre ou telle scène déplacée d’un chapitre à l’autre (par exemple, celle avec Arachnée a été placée dans Le retour du roi afin de ne pas surcharger Les deux tours dont le point d’orgue est la bataille du gouffre de Helm)… Le livre est le livre et le film est le film. Tous ces changements sont judicieux et quel casse-tête pour les monteurs ! Alors les éternels râleurs ou ceux qui pensent faire mieux que Peter Jackson et son équipe, vous savez ce que j’en pense…
Les versions longues sont pour moi également indispensables car elles donnent plus de profondeur au récit (ici apparaît déjà en flash-back Denethor, l’infâme intendant du Gondor) et certains éléments de la version normale trouvent leur explication dans la longue (par exemple les cadeaux donnés par Galadriel dans La communauté de l’anneau). Et puis, devant un tel chef-d’œuvre, on en veut toujours plus alors la bonne demi-heure supplémentaire est forcément la bienvenue!
Ici, par rapport à La communauté de l’anneau apparaissent bon nombre de nouveaux personnages (le peuple du Rohan, la belle Eowyn, le roi Théoden, Eomer, Grima langue de serpent, Faramir et surtout… Gollum, un des personnages clés du récit!) et on ressent une plus grande différence entre cette 2ème partie et la 1ère, plus qu’entre Les deux tours et Le retour du roi.
J’aime bien Le seigneur des anneaux, le troisième film étant le meilleur pour moi. Le premier ennuyant à mourir, rien à voir avec le livre, et Les deux tours reste bien, sans plus. Les livres de Tolkien sont des chefs-d’œuvre. C’est le genre de livres qu’il ne faut pas adapter au cinéma… Je suis assez dur envers les films vis à vis des livres, mais je ne critique pas les moyens mis en œuvre pour ces trois fresques cinématographiques. Ils ont fait du bon boulot.
Il est normal de trouver les mêmes idées dans d’autres œuvres, tant Le seigneur des anneaux puise dans des récits anciens et variés. Dans Le magicien d’Oz de Fleming (1939), les arbres parlent aussi. La chose est commune dans ce type de fictions. Passons. Mais plus loin, l’arrivée au château de la sorcière des trois amis de Dorothy ressemble beaucoup à celle de Frodo, Sam et Gollum devant les portes du Mordor. A la différence que ces trois-là ne se déguiseront pas tout de suite en gardes pour entrer…