Rocky Balboa

Sylvester Stallone, 2007 (États-Unis)

Il semble qu’arrêter d’incarner l’étalon italien est aussi difficile pour Stallone que pour un véritable boxeur de raccrocher. On a pourtant toujours peur du combat de trop… Ce qui semblait bel et bien le cas avec Rocky V en 1990 (réalisé pourtant par John G. Avildsen, celui-là même qui s’était occupé du légendaire premier Rocky de 1976). Mais, même s’il s’agit du sixième volet de la saga (et espérons le tout dernier, pour clôturer en beauté), ce nouveau Rocky n’est définitivement pas un énième épisode des aventures du plus célèbre des boxeurs de cinéma. Cette fois, Sly en personne s’est occupé de tout (qui mieux que lui pouvait être qualifié pour passer également derrière la caméra ?!) et à la limite on a pas besoin d’avoir vu tous les autres Rocky, excepté le tout premier bien sûr, pour apprécier celui-ci.

Rocky reste installé dans son bon vieux quartier de Philadelphie, désormais retiré du monde de la boxe, il tient un restaurant italien : « Chez Adrian ». Sur les murs sont accrochés ses trophés, les unes de magazines de l’époque et il passe de table en table racontant les moments forts de ses plus glorieux combats. Un Rocky nostalgique qui passe pas mal de temps sur la tombe de son épouse et qui a pris pour habitude, à chaque anniversaire de sa mort, de faire la tournée des lieux mythiques de la ville à l’époque où il a rencontré Adrian : le magasin dans lequel elle travaillait, l’appartement où ils ont habité, la célèbre patinoire aujourd’hui détruite… On retrouve ainsi une ambiance mélancolique où les images du Rocky de 1976 se mêlent en surimpression au Rocky d’aujourd’hui. Toujours accompagné de son vieux pote, le taciturne Paulie, l’ancien boxeur semble vivre dans le passé en ressassant les souvenirs. Il rencontre aussi de nombreux problèmes de communication avec son fils et se retrouve finalement assez seul dans sa vie actuelle.

A côté de ça, le jeune champion du monde des poids lourds actuel, Mason Dixon, semble lui aussi en plein désarroi et en proie aux doutes : certes, il gagne combat après combat, mais n’arrive pas à obtenir les faveurs du public qui lui reproche d’avoir des adversaires trop faciles et donc de ne prendre aucun risque. Un champion sans âme et sans couronne…

Un beau jour, une émission télé de sport s’amuse à créer des combats virtuels, en images de synthèse, entre des anciennes gloires et les champions actuels. Ils comparent donc Rocky à Mason sur un ring virtuel et évidemment Rocky gagne haut la main, tant il semble que les combats d’il y a trente ans étaient plus durs qu’aujourd’hui. Cela blesse dans sa fierté le champion actuel et a pour effet de redonner un peu de vie et de fierté à Rocky qui regarde ce spectacle d’un œil un peu distant. Néanmoins, sachant que la volonté et le cœur sont le plus important, il décide de demander à nouveau une licence pour refaire quelques petits combats de quartier, sentant aussi qu’il a pas mal de choses à évacuer. Une sorte de thérapie pour lui, mais rien de plus…

C’est sans compter sur la cupidité de quelques organisateurs qui voient là l’opportunité de se faire un paquet de fric en organisant, à Las Vegas, la vraie rencontre entre l’ex-ex-ex champion du monde et le nouveau. Transformer le combat virtuel qui a fait pas mal d’audimat en un véritable combat d’exhibition. Les deux boxeurs se laissent donc convaincre et au lieu d’une simple exhibition, on assiste à un véritable combat entre deux très grands champions : l’ancien qui fait une sortie en beauté et le nouveau qui gagne ainsi ses lettres de noblesse…

Rocky Balboa est vraiment très réussi, certainement le meilleur depuis le tout premier. On est loin de la surenchère inhérente aux années 1980 qui frisait parfois le ridicule et le patriotisme américain exacerbé comme dans Rocky IV (Sylvester Stallone, 1986), mettant en scène le bon Italo-américain contre le méchant Russe ! La grande majorité du film est tournée sur les lieux du premier épisode et lorsque retentit la musique légendaire de Bill Conti pour l’entraînement du champion (avec la fameuse montée des marches dans son vieux jogging gris !) le frisson est toujours bien présent. On se prend au jeu à coup sûr ! Le combat final est lui aussi pleinement réussi, (peu importe son léger manque de réalisme) et Stallone/Rocky loin d’être ridicule ou pathétique. De quoi conclure de la plus belle des manières cette légendaire saga (au risque de me répéter !), ce qui ne semble malheureusement pas le cas avec l’autre personnage fétiche de Stallone : John Rambo (Sylvester Stallone, 2008) en proie à bien plus de clichés et de répétitions et, malheureusement, dont d’autres suites sont prévues…

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