Point Break

Kathryn Bigelow, 1991 (États-Unis)

Polar californien, jeune et musclé, produit par James Cameron et réalisé par celle qui n’a été longtemps pour le public qu’une ex du réalisateur d’Abyss (1989)*.

La trame et les personnages ont servi et resservi ailleurs. Un jeune mâle plein d’arrogance et d’énergie (Keanu Reeves avant qu’il ne trouve Gus Van Sant ou Coppola et qui avait encore du mal à attirer l’attention) accolé à un vieux râleur (Gary Busey) sur les traces d’un gang de voleurs de banque… Surveillé par son coéquipier, l’agent du FBI Johnny Utah infiltre une bande de surfeurs criminels et baba-cools (peut-être une réminiscence de jeunesse, Mlle Bigelow avait 18 ans au son des guitares de Woodstock…). Partie de foot sur la plage avec Patrick Swayze, cours de surf et drague avec la prof (Lori Petty) : Utah intègre confortablement la meute sur fond de hard FM (L.A. Guns)… Les prises de vue avec surf sont montées et rythmées en clip. Les scènes d’action assurent de petites montées d’adrénaline (courses-poursuites en pleine ville jusque dans les étroites ruelles des quartiers pavillonnaires, sauts en parachutes avec ou sans parachute…). L’ensemble nous accroche.

Keanu Reeves se saisit d’un rôle tout aussi profitable que celui de Tom Cruise dans Top gun (Tony Scott, 1985). Kathryn Bigelow inspira certainement les scénaristes de Speed (Jan de Bont, 1994) et d’autres polars lancés à toutes pattes. A son niveau (modeste) et dans le genre, Point Break fait référence. De l’avoir vu adolescent, le film laisse une poignée d’images en tête : les masques des présidents Reagan ou Nixon, le visage lisse de Reeves en contre-plongée, la tignasse blonde de Swayze et la « vague ultime »…

* Bigelow sort définitivement de l’ombre de Cameron en 2009 avec le franc succès que rencontre Démineurs aux Oscars, écrasant dans presque toutes les catégories Avatar avec lequel il était concurrent.

2 commentaires à propos de “Point Break”

  1. J’ai un faible pour ce film, qui me rappelle mon adolescence. Le film est à mon sens moins bête qu’il n’y paraît et joue constamment sur l’ambiguïté de la relation entre Keanu Reeves et Patrick Swayze (certains critiques parlent de pulsions homosexuelles latentes). Dans le genre film d’action intelligent je trouve que Point break se défend pas mal.

  2. C’est marrant de revoir ces films et de découvrir que les amitiés viriles sont un peu plus que des amitiés viriles. Le film de Kathryn Bigelow suinte l’homosexualité de bout en bout.

    Dans Point Break, la seule piste donnée pour retrouver les braqueurs de banque est une paire de fesses masculines (à laquelle le coéquipier Angelo Pappas ajoute une boîte de vaseline dont, paraît-il, les surfeurs raffolent). Utah (Keanu Reeves) court après Bodhi, c’est-à-dire un corps (« body ») et quel corps, puisqu’il s’agit de celui moulé en combi et souvent torse nu de Patrick Swayze. D’ailleurs, après avoir partagé la même copine, l’un et l’autre se jettent en l’air et ces amants secrets se retrouvent ensemble agrippés en plein ciel ou enlacés… avant d’être découverts un instant plus tard sous la même toile de parachute comme sous des draps. Point Break, extrême limite, mais quelles limites ?

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