Scott Derrickson, 2005 (Etats-Unis)
A sa sortie, il y a un peu plus de trois ans maintenant, on disait que L’exorcisme d’Emily Rose était parvenu à renouveller le film d’épouvante, à proposer enfin quelque chose de neuf dans un genre qui semblait avoir tout dit et redit en matière de possession et d’exorcisme… A le voir aujourd’hui, je dois admettre que c’est bien vrai.
Certes, le classique du genre demeurera toujours L’exorciste de William Friedkin (1973), et non ses nombreuses suites ou dérivés qui ont exploité le filon comme L’exorciste 2, l’hérétique (John Boorman, 1978), L’exorciste, la suite (William Peter Blatty, 1990) ou encore L’exorciste : au commencement (Renny Harlin, 2004). Pourtant, celui d’Emily Rose est unique.
Le film est avant tout l’histoire d’un procès : celui du père Moore accusé d’être directement impliqué dans le décès d’Emily Rose, survenu à la suite d’un exorcisme. C’est là toute la force de ce long métrage : on est autant captivé par la bataille juridique qui oppose la science à la religion, le corps médical aux convictions religieuses, que par les scènes spectaculaires de la possession d’Emily Rose. Intelligemment, le film ne prend aucun parti pris et les plaidoiries des avocats des deux bords sont très convaincantes, même si l’on est tout de même davantage tenté de pencher en faveur de la thèse de la possession démoniaque que de la maladie. Scott Derrickson tourne de façon très rigoureuse (les acteurs sont exemplaires) et son travail n’est pas, ce que l’on voit souvent dans ce genre, juste un prétexte à montrer des scènes d’horreur. Emily ne vomit donc pas de sang vert, ne tourne pas sa tête à 360° et ne lévite pas au-dessus de son lit. Cela ne l’empêche cependant pas de vous glacer le sang ! Car oui, le film est tout de même sacrément terrifiant et, en en montrant parfois le moins possible, le climat de terreur qui s’instaure est d’autant plus insidieux. Jennifer Carpenter (vue dans la série Dexter), qui incarne la possédée, accomplit là une véritable performance : les expressions vraiment diaboliques de son visage et surtout ses contorsions (réalisées sans trucage) sont proprement hallucinantes !
Inspiré fidèlement d’une histoire vraie (le cas de la jeune Emily Rose, son exorcisme – enregistré – et le procès du père Moore), L’exorcisme d’Emily Rose est d’autant plus troublant, surprenant et efficace que son approche est factuelle et sérieuse, qu’il est filmé de manière assez sobre et ne recourt pas à de multiples effets spéciaux (même s’il y en a forcément). Pour moi, une des toutes meilleures réalisations d’épouvante.