Shane Black, 2013 (États-Unis)
Sans considérer la démonstration d’une armée d’armures scintillantes, le troisième volet d’Iron Man trouve deux idées qui nous plaisent bien. C’est d’abord le vrai faux terroriste moyen-oriental, le Mandarin, qui attire notre attention (interprété par un Ben Kingsley particulièrement relâché en coulisses). Les explosions de bombes sur le territoire américain et les revendications du Mandarin face caméra font croire à de nouveaux échos du traumatisme laissé par le 11 septembre 2001 (après les Afghans du premier Iron Man, Favreau, 2008, et le final au cœur de New York dans Avengers, Whedon, 2012). Rien du tout, ce nouvel ersatz d’Oussama ben Laden, à la tête d’une organisation terroriste aux objectifs flous, n’est qu’un produit inventé de toute pièce par un industriel cinglé et rival de Stark, Aldrich Killian (Guy Pearce). Le film commence d’ailleurs par un mot du héros milliardaire (Robert Downey Jr. qui se confond à présent avec son personnage) à propos de la fabrication de ses propres démons. Idem avec la belle scientifique, personnage mal exploité (Rebecca Hall), que Stark a jadis mise dans son lit mais qui, aussitôt abandonnée, a préféré les offres (aussi bien que les affres) vengeresses de la concurrence. Shane Black qui scénarise ici fait des États-Unis son propre ennemi.
Ce qu’on aime également dans Iron Man 3, même si le film manque d’en faire un thème plus solide, c’est le regard de l’enfant. Échoué au Tennessee avec une armure déglinguée et en pleine période de Noël, Tony Stark se trouve un side kick d’école primaire plein d’admiration pour lui et son jouet de métal rouge et or. Les dialogues un brin cassants et l’attitude distante de l’adulte tiennent la surdose de sentiments à l’écart. Shane Black esquisse leur relation comme dans un buddy movie. De même, les angoisses de Stark semblent davantage liées à ce regard tourné vers l’enfance qu’aux tourments du soldat après la bataille de New York. En effet, ces moments de crise apparaissent alors que l’enfant sert systématiquement de prisme (après avoir vu un dessin d’enfants, après avoir échangé avec un enfant). Ils sont, et c’est dommage, balayés par le scénario après que le gosse suggère à Tony le mécano de retourner en atelier. Le regain de confiance qui s’en suit est un brin rapide pour être valable aux yeux du spectateur.
Shane Black est connu pour être le scénariste de L’arme fatale de Donner (1987) et pour avoir évolué dans la sphère McTiernan en tant qu’auteur et acteur sur de petits rôles (Predator, 1987, Last Action Hero, 1993…). Iron Man 3, son deuxième film, est un film d’action décontracté très emprunt de ce cinéma des années 1980. On pense encore à Cameron et au Terminator (1984) par quelques plans. Et le générique de fin est énorme. Conçu par Danny Yount, tout en split screen et très rythmé, il compte parmi ceux que l’on préfère chez Marvel. La musique orchestrale, riche et très cuivrée de Brian Tyler, Can you dig it, est proche de ce que les séries des années 1970-1980 faisaient de mieux. Même le son de clavier et la flûte traversière s’y rapportent. Au final, c’est sans surprise mais, de cette fête fin de millénaire qui introduit le film au générique qui clôt l’ensemble, la manière, la décontraction et l’humour de Shane Black se fondent assez bien dans la franchise.
Sur le générique précisément, lire l’interview donné par Danny Yount sur le site Art of the Title avec différents concepts retenus ou non en images et vidéos.