Christopher Nolan, 2012 (États-Unis)
THE DARK KNIGHT RISES ou L’ÉLÉVATION TOTALITAIRE
The dark knight rises effraie. Manoir en cendres devenu ground zero dans Batman begins (2005), apocalypse urbaine dans The dark knight (2008), le terrorisme réapparaît dans la conclusion de la trilogie. Mais cet épisode, loin de détruire le mal, ajoute à nos angoisses.
Bruce Wayne se terre. Enfermé dans son manoir, il a renoncé à reprendre le masque et la cape : il a été défait. Tombé en même temps que Dent, secoué par le chaos du Joker. S’humectant les lèvres, l’insaisissable super-vilain donnait une explication : « Because it’s all part of the plan ». Et ce « plan » hante la trilogie de Nolan comme si au final les instigateurs et leurs motivations n’avaient plus d’importance et que tous, réduits à l’état d’instruments, se succédaient pour l’exécuter, dussent-ils en mourir (Bane : « Who we are does not matter. What matters is our plan »). Le plan n’a qu’un objectif : l’anéantissement de Gotham et de ses habitants. Il apparaît comme une fatalité à laquelle personne ne peut échapper et que tout le monde craint. Même si elle semble plus palpable dans The dark knight rises, cette peur, trauma post 11/09, n’est pas une nouveauté, elle transpire dans toute la trilogie malgré les nombreux efforts des personnages pour la combattre.
ON THIN ICE
Chevalier blanc disparu, chevalier sombre écarté, en dépit de la perte de son héros ainsi que de son super-héros, au début Gotham paraît sauvée. Aux yeux de sa population, elle l’aurait été grâce à la politique.
« Harvey Dent was needed. He was everything Gotham has been crying out for. He was…a hero. Not the hero we deserved – the hero we needed. Nothing less than a knight, shining… »
C’est le procureur Harvey Dent qui fit voter le Dent Act visant à lutter contre la criminalité de manière plus radicale. D’après la présentation qui en avait été faite par le maire de la ville, le décret consistait en une position plus sévère prise à l’égard des détenus qui se voyaient ainsi amputés de droits tels que celui de la liberté conditionnelle. Le Dent Act a été rapidement rapproché par les critiques du Patriot Act que G. W. Bush Junior fit voter et qui, au lendemain des attentats du World Trade Center, compléta de façon décisive l’arsenal judiciaire des États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme 1. Les deux textes ont en effet en commun de prendre des mesures de défense accrue, parfois au mépris des droits et des libertés, respectivement à l’échelle de Gotham (encore que les drapeaux américains flottant toujours bien que déchirés confèrent aux meurtrissures urbaines une dimension nationale) et à celle des États-Unis. Ce rapprochement entre les deux textes de lois a permis de servir l’argumentation qui fait de cette conclusion, plus que dans les précédents films, une fiction aux accents néoconservateurs.
Au regard de l’histoire racontée, et bien que nous penchions plutôt du côté de la confusion idéologique d’un scénario complexe2, l’adhésion à cette représentation néoconservatrice est plus facile à envisager que celle qui placerait Batman dans le camp politique adverse3. Cependant l’opposition de différents personnages à l’ordre en place (celui défendu par Batman) est plurielle et difficile à analyser en raison des dissimulations multiples et des changements de comportements auxquels on assiste. Une opposition au capitalisme ? L’attaque de la bourse de Gotham 4, le premier grand coup de théâtre, est lancée de l’intérieur : c’est derrière de tout petits postes que les terroristes se cachent (cireur de chaussures, livreur, agent d’entretien), autrement dit les emplois d’un personnel invisible, au revenu modeste, et qui, en temps de crise, aurait probablement quelque raison de s’en prendre aux cols blancs. Cependant cette attaque n’a pour objectif que la ruine de Wayne pour faciliter la main-mise de son entreprise par un certain Dagget. Difficile par conséquent de parler d’une remise en question du système capitaliste s’il s’agit seulement pour le vilain de profiter d’une OPA juteuse 5. De plus, dans cette scène, la comparaison avec le mouvement Occupy Wall Street n’a pas de pertinence : ni Dagget, le financier, ni Bane, le criminel, n’œuvrent contre la dictature des marchés et moins encore ne se revendiquent des révolutions arabes (c’est le cas d’Occupy Wall Street). Pourtant, Bane n’est-il pas lui-même le déclencheur d’une révolution ? Si l’on se réfère à ses deux discours, celui prononcé dans le stade, l’autre en pleine rue (le mensonge révélé sur Dent), ils soulignent bien l’oppression d’une minorité de nantis sur le reste d’une population devenue docile (« we come not as conquerors, but as liberators to return control of this city to the people »). Mais ce semblant de marxisme ne doit pas tromper, Bane terrorise les foules (la bombe prête à exploser), les invite surtout à la passivité (qu’ils regagnent leurs foyers) et, pour réprimer toute opposition, instaure la loi martiale. Cette révolution n’est rien pour lui, si ce n’est le moyen de prouver la plus grande docilité des foules effrayées. Bane n’est pas Lénine. L’ordre renversé ne marque pas non plus le début d’une période de Terreur nécessaire à la protection d’un quelconque nouveau régime démocratique. Bane n’est pas davantage Robespierre. Car ce sont ses intentions qui nous permettent de déterminer sa pensée politique et non ses ruses. En tant que membre de la Ligue des Ombres, Bane veut punir Gotham, corrompue et perdue comme une cité biblique, et s’apprête donc, après une brève étape révolutionnaire, à ôter la vie à tous ses habitants 6. Au mieux, il n’est qu’un bourreau, certes un peu plus cruel que les autres (il laisse toujours un espoir pour frapper plus fort ensuite). Mais en réalité, il ne sert que la femme aimée. Et c’est un des gros défauts du scénario : cette explication lourde à propos de l’amour que porte Bane à Miranda, alors que l’une des grandes réussites de The dark knight était de laisser entier le mystère du Joker. Ainsi donc, le tortionnaire sentimental ne nous apporte aucune réponse d’ordre politique et les enjeux sociétaux se voient brouillés par les affaires de cœur d’un seul.
Tournons-nous alors vers Miranda, le personnage de Marion Cotillard, puisque c’est elle la grande manipulatrice. Ses préoccupations écologiques ne retiennent pas notre attention. Ils ne sont qu’imposture. En revanche, à la toute fin, comme un désagréable twist, ses motifs véritables sont clairement énoncés. Miranda est à la tête de la Ligue des Ombres et reprenant la philosophie de son prédécesseur (son père Ra’s al Ghul), elle entend purifier ce qui ne l’est plus, Gotham en l’occurrence. Parce que cela ne suffisait sans doute pas, elle entend également se venger de Batman qui a tué son père (Batman begins). Chez Miranda non plus, pas d’idéologie, aucun pouvoir en modèle. Avec de tels personnages (Dagget, Bane et Miranda), les frères Nolan semblent noyer les clefs d’une lecture politique du film. Cependant, parmi les seconds rôles, il nous reste encore une personne d’intérêt à voir.
« There’s a storm coming, Mr. Wayne. You and your friends better batten down the hatches, because when it hits you’re all gonna wonder how you ever thought you could live so large and leave so little to the rest of us »
Issue d’un milieu défavorisé, Selina Kyle illustre la lutte des classes à sa manière. Elle est voleuse et ne vole que les riches. Elle fait d’abord affaires avec les mauvaises personnes (participant à la ruine de Wayne mais n’obtenant rien en contrepartie). Elle trahit Batman sans raison et, toujours intéressée, finit par s’allier à lui. Que cherche-t-elle ? Le moyen d’effacer toutes ses traces et de ne plus apparaître dans aucune base de données. Dans ce monde ultra surveillé 7, elle, comme un chat rasant les murs, préfère passer inaperçue. Un multimilliardaire poursuivi par ses obsessions sécuritaires en compagnie d’une chatte sauvage courant après son anonymat ? Le dernier plan du film nous pousse à croire que c’est, en définitive, l’envie de disparaître qui a primé.
Quant à Batman lui-même ? Un néoconservateur, c’est acquis et sans surprise. Multimilliardaire à la tête d’une gigantesque entreprise aux ramifications nombreuses, investissant des millions dans la R&D à des fins militaires 8, mais donnant aussi la pièce aux bonnes œuvres (l’orphelinat du père Reilly), il est à son aise au milieu des institutions en place, recourt parfois à des moyens radicaux pour le salut public et, enfin, peut-être la raison première aux soupçons que l’on porte sur sa couleur politique, entretient le fantasme d’une passade avec une militante d’extrême gauche, étiquette promettant l’extravagance d’éventuels rapports, ce que ne contredisent ni la tenue de Selina, moulante et en cuir, ni ses talons aiguilles en métal.
FEAR WILL FIND YOU
« Il y a dans les deux derniers Dark knight de Nolan, par endroits, une sorte de climat de tombeau et de malédiction, une espèce de vent creux qui les traverse, deux Batman avec un bout de cape qui traîne dans la mort. »9
Si nous ne partageons pas l’avis de Vincent Garreau sur le film, il décrit toutefois dans ces lignes une gêne qui ne nous est pas totalement étrangère. Lui établit un lien direct avec le drame d’Aurora et ce n’est pas notre intention de reprendre une polémique inutile. Non, mais sans même considérer les faits divers, une gêne demeure et il n’est pas vain d’en chercher les causes.
Il nous semble que la « matière politique » que produit The Dark knight rises dépasse à la fois les personnages qui ont quelque idée sur ce que devrait être ou non le gouvernement de Gotham et les frères Nolan eux-mêmes qui, témoignant de leur goût pour des scénarios complexes, ne nous entraînent plus cette fois dans une spirale déroulée de la surface vers le subconscient (Inception, 2010), mais nous font plutôt traverser un espace structuré à la manière de la Relativité d’Escher (des imperfections en plus), où le projet dès le début nourrit un paradoxe (« J’ai voulu renouer avec l’idée de la Révolution française, et ensuite de la Révolution russe, nées des idéaux classiques puis romantiques. Ma démarche n’a rien de politique, mais vise à montrer ce qui se passe quand tout s’écroule » 10) et où les différentes interprétations possibles ne s’avèrent être que des impasses.
Le faisceau de nos angoisses est fait de plusieurs signes. L’ambiance en premier lieu, marquée par l’enfermement (urbain ou carcéral), par les tons bleus et cendrés qui uniformisent l’ensemble et surtout par la musique d’Hans Zimmer. Les passages épiques qui caractérisaient la bande originale de The dark knight ont disparu, seul émerge cette fois un mélange de puissance brute et de tension sourde. Les chœurs font penser aux scansions de foules embrigadées. Les mélodies disparaissent derrière les grands fracas de cuivres et de percussions. On pense parfois à la musique composée par Howard Shore pour plonger dans les entrailles d’Isengard (Gotham’s reckoning). Propre à briser tout lyrisme, c’est une marche militaire que compose ici Hans Zimmer.
Cette ambiance est propice à l’élévation totalitaire qui trouble le film. Dans la scène du stade, un seuil est franchi : lors de cette démonstration de force, les médias sont contrôlés, les oppositions écartées et les libertés supprimées. Bane emploie la terreur (tout comme Batman souhaite d’un symbole inspirer la crainte chez ses ennemis) et Gotham se voit soudain privée de sa population. Les rues sont désertées jusqu’à ce que de nouvelles foules ne fassent irruption : une horde de criminels lâchée contre une masse policière obéissant à Batman. A cet instant, le chevalier noir n’est plus seulement le super-héros avide de justice, ni le puissant soutien d’une législation radicalisée (le Dent Act), à la tête d’une armée de policiers qui l’accueille en libérateur, le voilà investi des pleins pouvoirs, à l’instar du dictateur romain, ultime recours d’une république menacée (la réplique vient de The dark knight : « When their enemies were at the gates… The Romans would suspend democracy and appoint one man to protect the city. »). Et qu’ajouter lorsque, après une multiplication de symboles dessinés à la craie, le héros en cape par une statue érigée devient l’objet d’un culte de la personnalité ? Ce jeu avec les systèmes politiques, les esquisses idéologiques, les mouvements de masse s’accordent assez mal avec l’ambiance martiale et la pompe déployée. De là le malaise.
Nolan entend se détacher de la BD pour l’ancrer dans la réalité 11 et le super-héroïsme naïf propre aux comics est à présent bien dilué dans la matière politique, froide et noire, qui émane du récit (seul Robin garde cette naïveté et de ce fait rassure). Loin des Marvel et Disney, The amazing Spider-man ou Avengers, le plaisir du spectateur est ici bien différent. Amer.
1 U.S. Patriot Act : Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act.
2 Plusieurs articles ont relevé cette confusion. Juliette Cerf, Aurélien Ferenczi et Frédéric Strauss dans un article commun, « Batman, une fiction qui reflète des peurs bien réelles » dans Télérama, n° 3264 ; Christophe Naudin « The Dark Knight Rises : l’univers de Batman est-il façonné par le néoconservatisme ? » dans Le Nouvel Observateur, en ligne le 30 juillet 2012. Voir aussi la tribune de François Préval, « Batman, néoconservateur radical ou libertarien désabusé », sur le site conservateur Nouvelles de France, en ligne le 3 août 2012.
3 Ce qui a été fait aux États-Unis au travers d’une polémique assez grotesque simplement basée sur l’homophonie de Bane, le super vilain dans le film (« bane » signifie « fléau » en français), avec Bain Capital, la compagnie d’investissement de Mitt Romney, candidat républicain à la présidentielle américaine en 2012. Ainsi, le film de Nolan, selon certains conservateurs comme l’animateur radio Rush Limbaugh, ferait du tort à Mitt Romney et Batman par conséquent deviendrait démocrate et pro-Obama. On retrouve cette polémique au Royaume-Uni : les conservateurs l’ont défendu (Wall Street Journal) contre les progressistes (The Guardian).
4 Alors que Gotham était assimilée à Chicago en raison de ses extérieurs dans The dark knight, dans ce troisième épisode, même si certains plans ont été tournés à Los Angeles ou Pittsburg, Nolan transpose la mégapole de BD (« 12 millions d’habitants » est-il précisé) à New York dont on reconnaît les principaux éléments de paysage (horizon de gratte-ciel, Midtown et développement insulaire). On pense à Wall Street lors de l’attaque de la bourse et c’est la Trump Tower de New York qui fait office de tour Wayne (au lieu du ChicagoBoard of Trade Building dans l’opus précédent).
5 Sans remettre en question le système, les frères Nolan adressent toutefois une pique aux traders qui depuis l’effondrement de grands groupes financiers en 2008 ont paru jouer sur les marchés : « Trader 2 : « You can’t short the stock because Bruce Wayne goes to a party » – Trader 1 : « Wayne coming back is change. Change is either good or bad. » – Trader 2 : « On what basis? » – Trader 1 : « I flipped a coin ». »
6 La révolution n’est qu’une lueur d’espoir vite occultée, un bref sursis, le temps de réaliser ô combien le plan était sadique.
7 Batman décidait de se connecter à tous les portables de la ville dans The dark knight. Avant d’être révisé, le Patriot Act comportait aussi des clauses d’écoutes téléphoniques ainsi que de fichages des individus.
8 Et écologiques ? Batman (comme Iron Man dans Avengers, Whedon, 2012) mène des recherches concernant une nouvelle source d’énergie capable de remplacer les énergies fossiles. Mais le but est-il la découverte d’une énergie propre et durable ou plutôt l’indépendance énergétique ?
9 Article paru dans Chronicart.
10 Christopher Nolan dans un entretien publié le 25 juillet 2012 sur le site internet de L’Express, en ligne le 23 juillet 2012.
11 Thomas Suinot, « The Dark Knight Rises: que reste-t-il des comics dans le film de Nolan ? », dans L’Express publié le 23/07/2012.
Probablement le meilleur film que je n’ai jamais vu de ma vie!!!
Superbe trilogie qui se finit en beauté.
Je penche également pour un film d’une grande confusion idéologique, peut-être est-elle, partiellement, américaine.
Il est étonnant de remarquer combien l’avant-dernière photographie ramène aux Espions.
Tu vois, il y a bien du Lang chez Nolan ! Et c’est presque lui concéder du génie que de le remarquer. Presque…
Mais il y a plein de choses chez Nolan (notamment beaucoup de Lang dans cet opus), je l’admets bien volontiers. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas toujours manipulées à bon escient.
Ceci dit, concernant le film, mes (grandes) réserves ne sont pas vraiment d’ordre esthétique. Et la référence qui me séduit le plus est celle faite à Hitchcock.
C’est vrai que tu évoques dans ton papier La main au collet. Fais-tu une référence à une scène ou une situation en particulier ?
C’est toujours très stimulant d’en revenir à ces chefs-d’œuvre quand on va voir ce type de film (tout comme les quelques correspondances auxquelles je me suis essayé dans The amazing Spider-man).
Non, pas une scène en particulier, mais la définition du personnage: voleur de bijoux souple, léger, charmant, efficace – donc naturellement assimilé à un chat – qui ne fait guère de mal puisqu’il s’attaque seulement aux riches.
Je suis bien d’accord avec ton article vraiment complet. En particulier, j’ai les mêmes regrets de voir Bane en tortionnaire sentimental plutôt qu’en méphistophélique dictateur.
Qu’il soit amoureux et que cela motive son action, why not, mais cela tombe comme un cheveu sur la soupe, plus pour chercher à surprendre le spectateur que pour donner une dimension à Bane.
Maintenant quand j’écris méphistophélique dictateur, je ne suis pas certain non plus que les frères Nolan s’en seraient sortis tant ils semblent un peu patauger dans leur vision politico-sociale. Mais de toute façon, revenir à la Ligue des Ombres, c’était pas bien.
Complet, pas tout à fait quand même. Achevant de passer en revue les « 17 » (qui ne se sont d’ailleurs pas tous exprimés sur le film), je lis le très bon papier de Timothée Gérardin « Saints et fétiches de Christopher Nolan » (sur son blog Fenêtres sur cour).
Je rapporterai de son texte deux idées particulièrement astucieuses.
La première agrippe le totalitarisme de notre interprétation et en empêcherait presque l’ascension :
« [Blake] fait dans un dialogue avec Bruce Wayne, un curieux éloge du masque : plus qu’une garantie d’anonymat, le masque instaure une forme de présupposé démocratique – n’importe qui pourrait emprunter les traits de Batman, car tout le monde est appelé à exceller. »
L’autre pourrait être rattachée à une interprétation religieuse du film (relèvement d’un messie, d’un être qui s’est sacrifié pour d’autres), mais ce serait peut-être en limiter la portée :
« … le super-héros n’existe que par un acte de foi collectif. […] il suffit d’un doute pour que les surfaces se fissurent et que les sols se dérobent. Il faut courir, comme le joueur de football fuyant la pelouse du stade en train de disparaître sous ses pieds, ou, pire, avancer sur un fleuve gelé, et voir petit à petit la glace se craqueler devant soi. »
Il me semble tout de même que Nolan insiste beaucoup sur l’unicité du héros (dont le potentiel successeur existe d’ailleurs par un acte de foi individuel) qui a certes des doubles (le mal naît partiellement de lui, il cherche à créer un chevalier blanc…). Ne peut mettre le masque qui veut et Batman élimine ses imitateurs dans The dark knight.
On est plus dans le rapport (largement traité dans le western – j’avais traité ce point dans mon premier article sur The dark knight) entre la communauté et son héros, celui-ci étant nécessaire à la croissance ou la constitution de celle-ci mais étant d’une nature différente. Il est vrai que, dans la cosmogonie américaine, il la mène vers la démocratie…