Chicago

Rob Marshall, 2003 (États-Unis)


Dans les années 1930, Chicago vit autant au rythme des coups de flingues que celui, très jazz, de la grosse caisse et du charley. Le synopsis se résume à une de ces petites affaires criminelles pour lesquelles presse et public ont pu se passionner à l’époque mais qui surtout, selon l’opinion courante, prennent aujourd’hui pleinement part à l’identité de la ville. Rob Marshall ne s’intéresse donc pas tant au simple « rise and fall » de Roxie Hart, jolie jeune femme qui rêvait des lumières des projecteurs et qui n’a eu droit qu’à l’ombre d’une cellule, qu’à ce qu’il désigne comme l’essence même de la célèbre métropole nord-américaine : crimes et spectacles associés. Plus qu’un film sur de banales criminelles et plus qu’un film de procès, Rob Marshall réalise une très bonne comédie musicale… and all that jazz ! Continuer la lecture Chicago

Mirrors

Alexandre Aja, 2008 (États-Unis)

Alexandre Aja est français (il est le fils d’Alexandre Arcady), mais Mirrors est bien une production hollywoodienne, tout comme son précédent film d’horreur, le remake La colline a des yeux (2006). Pour Mirrors, il convient mieux de parler d’épouvante. On pense d’ailleurs aux films des années 1980 du même genre, style maison hantée (il s’agit ici d’un ancien grand magasin hanté) avec quelques scènes gores supplémentaires. Le scénario est certes un peu léger, mais après tout… C’est juste un bon prétexte pour avoir la frousse durant une heure et demi.

L’histoire est donc assez simple : Ben Carson est un ancien policier reconverti en veilleur de nuit à qui l’on confie la surveillance d’un grand magasin ayant été dévasté par les flammes afin d’éviter tout vol ou tout squat. Rapidement, il constate que les immenses miroirs de ce grand magasin, qui ont miraculeusement échappé à l’incendie, sont tous très propres… et renferment un terrible secret : on peut y voir des scènes de l’incendie, des gens brûlés vifs… Ainsi, on imagine que les âmes des défunts se sont trouvées emprisonnées dans ces miroirs et ne peuvent être libérées. Elles hantent désespérément les lieux depuis plusieurs années maintenant (suite plus bas).

Mais en fait pas du tout : ce qui est emprisonné dans les miroirs sont en fait des sortes de démons, des esprits malveillants qui réclament une certaine « Esseker ». Et pour la retrouver, ils vont se montrer plutôt convaincants auprès de Ben (alias Kiefer Sutherland, Jack Bauer en personne ! dans 24 heures), tout d’abord en assassinant sa sœur puis en menaçant sa famille. Après une rapide enquête (deux coups de fil et c’est fait), Ben découvre que ce grand magasin était auparavant un hôpital où une certaine Anna Esseker était internée pour un cas particulièrement rare et violent de schizophrénie, puisque les médecins rejetaient l’hypothèse de la possession. Pour la soigner, une des méthodes consistait à l’enfermer attachée au milieu d’une pièce remplie de miroirs, afin qu’elle puisse voir son vrai visage. Comme il s’agissait bien d’une possession, les démons qui l’habitaient ont été en quelque sorte « happés » par ces miroirs. Anna guérie, elle deviendra bonne sœur dans un couvent, mais désormais les lieux devinrent hantés par ces démons…

Mirrors est rythmé, il est souvent bien sanglant et effrayant. Mais le manque de second degré prête parfois à sourire. Pas nanar mais plutôt « kitsch », en fait un style propre aux séries B des années 1980.

Les démons présents dans les miroirs ont la faculté de sortir de ce magasin et de se propager à n’importe quelle surface réfléchissante (rétroviseur, eau..), peu importe la distance : on est loin de la subtilité d’un Orphelinat (Juan Antonio Bayona, 2008) où les faits paranormaux paraissent davantage plausibles. Mais bon, comme je l’ai dit, le but est seulement de faire peur. Du coup, Mirrors use et abuse d’effets faciles tels que : musique à faire sursauter, ambiance angoissante et fracas à faire bondir… La méthode est archi-connue et Alexandre Aja prend un malin plaisir à en faire des tonnes. Idem pour les scènes gores : était-il bien utile de voir avec détails (par exemple) le meurtre de la sœur qui s’arrache littéralement la mâchoire dans un bain de sang ? Parfois, il est plus efficace de suggérer… Mais là encore, la place laissée à quelque subtilité est réduite. Mirrors n’est qu’un divertissement et il remplit son rôle : durant la séance, on sursaute.

Braquage à l’italienne (The italian job)

Felix Gary Gray, 2003 (États-Unis)




Une brochette de stars (Mark Wahlberg, Charlize Theron, Edward Norton, Donald Sutherland), quelques autres visages connus pour les seconds rôles (Jason Statham, Seth Green), une réalisation franche et sans accroc, de jolies vues de Venise (place Saint-Marc, pont des Soupirs, Grand Canal), de Philadelphie ou de Los Angeles (ainsi qu’une pause dans les Alpes), une histoire de cambriolage… La sympathique équipe de voleurs se vente de ne recourir à aucune arme (du moins pas de flingue car il faut bien quelques explosifs pour casser les systèmes de sécurité et faire diversion), ils ne menacent directement personne, pas d’ « attaque à main armée ». « Techniquement », il ne s’agit par conséquent pas d’un braquage, même si l’on comprend bien que le mot paraît plus moderne et accrocheur, mais d’un vol ou cambriolage.

De quoi divertir certes (courses-poursuites et amorces humoristiques), mais quel ennui ! Nous sommes ici dans la seconde catégorie de voleurs, bien plus prisée que la première par les productions hollywoodiennes, selon ce que je décrivais dès les premières lignes d’Inside man. Les personnages se réduisent à leur archétype (voir la terrible psychologie de Stella interprétée par C. Theron lorsqu’elle refuse l’offre de participation à un casse ; elle hésite dangereusement, mais quand même, motivée par la vengeance, finit, oh surprise !, par accepter ; Edward Norton, lui, se cache derrière la petite moustache du méchant). Les méthodes employées sont calculées, chronométrées, méticuleuses mais ne nous arrachent ni de larges exclamations pleines d’étonnement ni ne provoquent le moindre tressautement de surprise.

Résumons : les personnages et leurs relations sont fades, l’histoire est terne et surtout le spectateur passif. C’est bien fait mais c’est vain. La suite de ces aventures est prévue avec la même équipe : The brazilian job. Sans moi…

HULK

Ang Lee, 2003 (États-Unis)

Peu ont apprécié ce que le réalisateur de Raison et sentiments (1995) et de Tigre et dragon (2000) a fait du personnage créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1962. Pourtant Ang Lee a fait de Hulk un être complexe. Il a su exploiter toute la potentialité d’une créature à la fois inspirée par le monstre de Frankenstein (la référence commune au scénariste et au dessinateur de Marvel est Boris Karloff filmé par James Whale en 1931) et par le Dr Jeckyll et Mr Hide (peut-être la fameuse version de Victor Fleming sortie en 1941). Le réalisateur taïwanais a, en outre, enrichi son récit d’une relation père-fils inédite pour un personnage de BD porté sur grand écran. Continuer la lecture HULK

Braquage à l’anglaise (The bank job)

Roger Donaldson, 2008 (États-Unis)

Depuis l’excellent Inside man (Spike Lee, 2006), il n’y avait pas eu de très bon films de braquage de banque… Les Français ont la même année 2008 tenté deux fois le coup mais Ca$h (Eric Besnard) était très mauvais et Sans arme, ni haine ni violence (Jean-Paul Rouve) peu convaincant (ce dernier aussi tiré d’une histoire vraie s’étant déroulée dans les années 1970). Continuer la lecture Braquage à l’anglaise (The bank job)