Jiburo

Lee Jung-hyang, 2005 (Corée du Sud)

C’est un film simple, sans naïveté aucune, et beau. L’histoire se résume à ces mots : un enfant de sept ans est confié à sa grand-mère habitant la campagne (dans le village isolé de Youngdong dans la province de Choongbuk en Corée du Sud) par sa mère qui rentre régler des affaires en ville. Nous sommes dans la sensibilité des films de Hayao Miyasaki pour ce qui est des sentiments de l’enfant ; la grand-mère pourrait être un personnage de Mes voisins les Yamada de Isao Takahata. Et pour rester dans les références asiatiques, j’ai retrouvé dans ce film beaucoup de L’été de Kikujiro de Takeshi Kitano (dans les rapports de l’enfant à l’adulte mais aussi dans les ambiances). Une référence connue de presque tout le monde est celle de nos (rares) vacances passées à la campagne chez nos grands-parents et de ce fait le film me touche particulièrement.

Si la petite histoire peut difficilement nous surprendre (l’enfant refuse tout d’abord de rester chez cette grand-mère muette qu’il ne connaît pas et qu’il insulte ; contraint il s’en accommode ; la grand-mère pleine de patience et de tendresse – elle endure l’ingratitude et l’égoïsme de Sang-woo – verra l’enfant progressivement lui témoigner son amour), plusieurs scènes sont fines et originales. Lorsque le petit Sang-woo, moins sauvage qu’au début, se précipite pour rentrer le linge étendu alors qu’il pleut à verse : il récupère en premier lieu son short et ses t-shirts, marque une pause, puis rentre aussi le pantalon et la chemise de la grand-mère ; la pluie ne dure pas alors il étend à nouveau ses affaires et celles de sa grand-mère, d’abord sans se préoccuper de l’ordre des vêtements, puis en prenant soin de mettre les habits de son aïeule entre les siens. Un autre thème se greffe et est l’occasion à d’autres scènes amusantes : l’opposition du petit citadin et de la vieille paysanne, du jeune garçon absorbé tout entier par son jeu vidéo, son robot guerrier ou désirant capricieusement Kentucky Chiken et Choco Pie (l’accent coréen de Sang-woo est tordant sur ces expressions) et l’ancienne s’évertuant à enfiler un fil dans une aiguille, à recoudre ses vieilles chaussures usées ou contemplative devant les monts embrumés qui font face à sa petite barraque en bois. Ajoutons à cela une amourette entre Sang-woo et la petite voisine, une vache enragée courant après les enfants, du poulet bouilli pris pour du poulet frit…

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