Sam Mendes, 2009 (Etats-Unis, Royaume-Uni)
Le couple et la cellule familiale, le sujet a déjà été traité par Sam Mendes dans American beauty (2000) où le rêve américain est mis à mal, ou dans Les noces rebelles (2009). Away we go se veut plus léger que ce dernier, même si le fond (la peur et les doutes notamment ceux relatifs face à une future naissance) ne l’est pas vraiment. En effet, Sam Mendes a choisi un ton à la fois plus drôle et désinvolte pour raconter le parcours du couple formé par Burt (John Krasinski) et Verona (Maya Rudoplh).
Verona attend un enfant. Elle et son copain se posent un tas de questions sur leur capacité à l’élever, eux qui ne se trouvent pas encore très mûrs la trentaine passée. Ils ont aussi envie de déménager car ils détestent la petite ville de province où ils habitent, d’autant plus que la seule raison qui les retenait ici était la proximité avec les parents de Burt (ceux de Verona sont décédés) et ces derniers viennent de partir pour une ville plus lointaine. Ils décident donc de partir à la rencontre de plusieurs couples d’amis, de frères et sœurs également, et choisiront en conséquence la ville où ils pourront se poser et fonder leur famille (Phœnix, Tucson, Montréal… ?). Au fil de ces rencontres et particulièrement avec certains de ces couples à côté de la plaque, ils apprennent à savoir ce qu’ils veulent et surtout ce qu’ils ne veulent pas… Puis finalement à chercher plutôt les réponses à leurs nombreuses questions de leur côté et non auprès des autres.
Le ton est léger, souvent comique, mais le sujet pas tant que ça. D’ailleurs certains passages sont assez émouvants (lorsque Verona évoque ses souvenirs d’enfance avec ses parents ou bien ce couple qui adopte plein d’enfants car ils ne peuvent pas en avoir), toutefois pudiques et jamais larmoyants. Les dialogues et le ton du film font parfois penser à Juno (Jason Reitman, 2008), on est en tout cas loin des deux métrages cités plus haut. Ici les moyens sont réduits, la réalisation assez classique, aucune star à l’affiche… Away we go est un film modeste, drôle et attendrissant.
De « sympatoche et modeste », je dirais plutôt fort et juste, et comme tu le souligne si bien, jamais larmoyant.
Away we go nous décrit le comment du pourquoi, non pas la manière dont on tombe amoureux, mais dont on le reste, ainsi que la façon dont on arrive à arroser ce petit germe du bonheur et de l’entretenir, en définitive, comment l’autre arrive à nous rendre plus fort malgré les problèmes (ô combien nombreux, divers et variés) de la vie quotidienne. J’imagine que c’est un problème de sensibilité propre à l’individu ?
Juger un film par rapport à son point de vue manque d’objectivité, mais si on commence par là personne ne ferait de film… J’ai donc trouvé que là où certains cinéastes se plantaient et revisitaient des clichés fades et platoniques, Away We Go rendait justice au genre de la comédie humaine (s’il existe) et nous transportait dans un univers empli de poésie grisante et pleine de sensibilité, sans oublier ce revers piquant d’une drôlerie tendre qui caractérise si bien le film, un fort avec des airs de modestie, un géant avec des airs de petit.