Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, 2009 (France)
Sous « toutes » les latitudes, « ils » traversent « des » centaines de kilomètres, « de l’autre côté de la Terre » etc. Mais où sommes-nous, là, précisément ? Dans les océans. Dans tous les océans à la fois sans qu’aucun ne soit vraiment distingué. Dans quelles eaux ? A quelle profondeur ? Quand ? Ce que nous voyons se passe-t-il tout le temps et partout ? Pas de réponse, juste une affirmation : les océans renferment encore des mystères et sont menacés. Rien n’est dit sur les mystères mais la menace, elle, est humaine. Le texte de Jacques Perrin, quelques phrases pour annoncer chacune des séries d’images collectées, ne contient rien d’autre qu’une mise en garde se rapportant à la préservation des océans et de leur biodiversité. On attendait mieux de l’acteur qui nous sert de guide : rien sur aucune des espèces animales aperçues, pas même leur nom, aucune explication quant à leur comportement (contrairement à Un jour sur Terre de Fothergill et Linfield, 2007 ou Au monde du silence de Malle et Cousteau, 1956)… Perrin n’en sait pas plus. L’exploitation des images visant à démontrer la pollution des hommes et de leurs activités n’est guère plus scientifique : des photos satellites d’estuaires qu’il nous faudra identifier par nous-mêmes où sont vaguement localisés des courants marins de pollution (quelles activités polluantes pour quelles nocivités ?). Un autre plan montre un chariot de supermarché planté sous l’eau et autour duquel nage un phoque curieux.
Plutôt qu’à une réflexion réelle et fondée sur la menace des hommes sur les océans, Océans nous inviterait-il alors davantage à la contemplation de la beauté animale ? Abordons le spectacle : des poissons aux couleurs aussi vives que celles d’un Pixar, des légions de crustacés dans une bataille antique, une caravelle échappée de l’ère des grandes découvertes, des navires affrontant les houles immenses, une faune marine couvrant l’espace de ses flux comme la circulation étagée des véhicules dans la ville-monde de Coruscant…
Nemo, 1492, En plein tempête, Star Wars… Le spectateur plongerait volontiers dans ce condensé de films et d’émotions si les « acteurs » et sponsors annoncés dès le générique ne venaient perturber le discours écologique. Le spectacle n’est plus permis quand on sait que ce beau film (dans lequel aucun animal n’a été blessé puisque toutes « les scènes de massacres ont été reconstituées ») a été financé pour moitié par Total, Veolia ou la Fondation Bettencourt Schueller. Alors que ces géants du monde industriel, privilégiant leurs intérêts, n’ont pas toujours témoigné d’un grand soucis pour l’environnement, ou sont parfois responsables de catastrophes écologiques véritables, quel crédit apporter à un documentaire devenu pour eux un outil de propagande ? La question éthique n’a pas gêné Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, mais le spectateur si.
Bonjour Ornelune, le film a indéniablement de belles images mais rien de plus. On arrive à s’ennuyer. Je m’attendais à quelque chose de plus pédagogique. Bonne journée.