Steven Soderbergh, 2011 (États-Unis)
Les premières minutes du film débutent sur le JOUR 2 de l’épidémie : la musique est omniprésente, très peu de discours hormis celui de Beth Emhoff (Gwyneth Paltrow) à l’aéroport avec son amant. Les gros plans sur des objets usuels de la vie courante (carte bleue, pot de cacahuète sur un comptoir d’aéroport, écran tactile dans un bar, poignée dans les transports en commun ou poignée de portes…) transitant de personnes en personnes rythment les séquences de vie d’inconnus qui entrent progressivement en contact avec le microbe, sans le savoir.
Le thème de l’engrenage, sujet de prédilection de Soderbergh, s’exprime par la propagation rapide d’un virus dans un monde hyper- connecté. Qu’ils soient à Hong Kong, Londres ou Minéapolis, tous ont les mêmes symptômes : fièvre, toux et étouffement conduisant à une mort sale et crue…
JOUR 3, 4 et suivants , Soderbergh suit la progression du virus et les cas mortels se multiplient. Un blogueur, Alan Krumwiede (Jude Law), repère sur internet la mort d’un inconnu filmé sur téléphone portable par un passager et prévoit ce qu’il appelle déjà une pandémie. Les scènes se succèdent, Beth, le patient zéro, meurt. Une cause est avancée, peut-être une encéphalite… Mais, dans le taxi le ramenant chez lui, Mitch Emhoff (Matt Damon) n’est pas convaincu et comprend que son beau fils est atteint du même mal que sa mère. Le compte à rebours des jours se poursuit, le virus suit sa progression, les docteurs recherchent le mode de contagion, le rythme de progression et de reproduction du virus (le « RO ») pour jauger l’échelle de l’épidémie.
Commence une valse des points de vue : un professeur du Center for Disease Control (Laurence Fishburne) organise très vite les quarantaines en dépêchant une doctoresse (Kate Winslet) sur le terrain, une épidémiologiste de l’OMS (Marion Cotillard) enquête sur le patient zéro et l’origine du virus, les individus lambda réagissent chacun de manières différentes pour ne pas être touchés et protéger leurs proches… Les situations s’enchaînent pour lui donner une vision réaliste et ce, dans la même lignée que Traffic. Tant la réaction des autorités face aux enjeux de santé publique, mais aussi économiques, politiques, médiatiques, que la vision d’un journaliste blogueur sur les laboratoires pharmaceutiques semblent réalistes. En revanche, un des éléments du film qui n’est pas plausible est qu’on ne met pas au point un vaccin aussi vite ! La fin du film sur la reconstitution du JOUR 0 reste la séquence la moins forte du film.
Contagion est un film troublant, s’inscrivant parfaitement dans une réalité contemporaine et malheureusement familière.
J’ai trouvé le film réaliste et très bien réalisé. Mais tellement froid et clinique ! C’est très bien documenté, mais l’émotion est trop peu présente à mon goût: c’est très didactique et linéaire, on comprend bien les liens de cause à effet mais le film se regarde comme une sorte de reportage d’investigation. L’intêrêt d’avoir autant de si grands acteurs?
J’ai aimé le parti pris réaliste de Soderbergh. Je sais que le film n’a pas majoritairement plu.
Soderbergh sait tisser un parfait réseau entre les territoires et les individus. Il annonce les villes du monde traversées (si possible des mégapoles) et le nombre de leurs habitants en millions bien sûr, et les connecte par toutes sortes de hubs, aéroports internationaux, gares, ZIP et quais de transit pour milliers de conteneurs… De même, les connections se font entre les humains, gestes, internet et téléphones portables, assurant ainsi la contagion par exposition au virus, aux rumeurs et aux informations aussi variées soient-elles.
Soderbergh par ce film nous amène donc jusqu’à la pandémie et jusqu’aux failles dans la communication. De façon très rigoureuse, au fur et à mesure qu’évolue la pandémie, analyse de l’état sanitaire et de la situation médiatique (de laquelle fait partie ce casting de stars, Gwyneth Paltrow autopsiée), il met surtout de cette façon en valeur les autres vices de la mondialisation.