Cédric Klapisch, 2005 (France)
Quel est le nom de ce peintre dont la toile splendide est ici transformée en puzzle et auquel s’applique Wendy ? Est-ce un Millais, un Waterhouse ou un Hunt ? La peinture représente une princesse qui élit son chevalier. Et durant tout le film les personnages cherchent leur prince charmant ou leur princesse (très jolie scène lorsque Audrey Tautou raconte allégoriquement sa vie amoureuse à son fils). William (Kevin Bishop), le frère de Wendy (Kelly Reilly), pointe du doigt la femme qu’il aime, Natacha (Evguenya Obraztsova), danseuse en tutu blanc perdue parmi les autres tutus ; « elles sont toutes pareilles » dit Xavier (Romain Duris, qui cumule dans le film les histoires de fesses et cherche pourtant mieux). Les histoires d’amour peuvent paraître toutes semblables mais ne le sont pas pour Cédric Klapisch.
Le film est plein de fantaisie et le réalisateur et ses acteurs s’amusent (aussi Cécile de France, Aïssa Maïga, Zinedine Soualem…) : Klapisch apparaît dans le même train-bureau que Duris, un scooter est transformé en fidèle destrier et un couple se ballade incongrûment nu dans Paris. Le cinéaste se sert de mille formes pour son histoire : les décors et les visages se superposent un peu à la façon d’un collage (dans le générique mais pas seulement ; ainsi le visage de la maman sur un immeuble vu d’un balcon), les voix se superposent (la confusion du narrateur), les musiques de la BO appartiennent à tous les répertoires (rock, classique, électro, techno, pop ; de Mendelssohn à Beth Gibbons : c’est le bonheur ! et « détourner » le Lac des cygnes pour dramatiser une histoire de coup de foudre est assez amusant), les scènes de la rue et de la vie sont accélérées, l’écran est dédoublé, Romain Duris se dédouble également pour jouer du pipeau et cela en est quasi surréaliste. La vie est une mosaïque et la réalisation l’illustre (la fenêtre de l’appartement de Xavier noyée au milieu d’un gigantesque damier de fenêtres sur la façade de l’immeuble ; même idée pour le puzzle et les poupées russes)… Cette mosaïque n’est-elle pas aussi celle de l’Europe, puisque nous voyageons avec les protagonistes dans plusieurs villes du continent (Paris, Londres, Moscou…) ?
Les Poupées russes est réjouissant et enlevé. Il est aussi plus original et peut-être plus ambitieux que L’auberge espagnole (2002) dont il est la suite.
Coucou !
La toile est signée Edmund Leighton et s’appelle (en anglais) : The accolade – L’adoubement où l’on peut y voir une reine montant au rang de chevalier un roturier 🙂
Ah merci Benoît ! Je désespérais qu’un jour quelqu’un veuille bien me répondre ! Leighton est à découvrir !
Absolument Benjamin ! merci Benoît, faut absolument que je me procure la boite de puzzle… ! oui bon j’irai au musée aussi… 😉
Yes !
Nous sommes d’accord. Je l’ai également préféré à L’auberge espagnole. Un film doté d’une vitalité vraiment communicative, je l’ai vu plusieurs fois et c’est un de mes Klapisch préférés – quoiqu’on en dise.
Bonsoir, film très sympa et que j’ai préféré à L’auberge espagnole. Le scénario est plus étoffée. Quant à Cécile de France, elle est irrésistible. Bonne soirée.
Vais-je oser après tous ces commentaires élogieux…?
Je n’aime pas du tout ce film : je trouve les hésitations sentimentales du héros parfaitement inintéressantes ; le plan lourdement métaphorique de la blonde qui marche dans la rue (la femme idéale et inaccessible, quelle finesse!) est ridicule. Et puis il y a cette idée qu’on est tous comme ça, nous les jeunes trentenaires, enfin qu’on doit être comme ça, sauf que je ne me reconnais dans aucun des personnages, aucune des questions posées.
Le mieux que l’on puisse demander à Klapisch est de trouver des situations ou des dialogues drôles (d’avoir un bon scénario en somme): c’est au moins le cas dans Le péril jeune et dans une moindre mesure dans L’auberge espagnole. Mais alors, quand le sérieux prend le dessus, on finit par reconnaître, atterré, qu’il n’est qu’un Guillaume Canet, en plus vieux.