James Mangold, 2008 (Etats-Unis)
Le western se fait de plus en plus rare de nos jours (quel est le dernier bon western tourné dans les années 2000 qui vous vient immédiatement à l’esprit à part celui-ci ? La liste est courte…) et un genre de cinéma qui appartient vraiment au passé, c’est un fait. Néanmoins, James Mangold (à qui l’on doit le fameux Copland réunissant avec brio en 1997 Robert De Niro, Sylvester Stallone, Harvey Keitel et Ray Liotta ou encore le film sur la vie de Johnny Cash, Walk the line en 2006 ) nous prouve qu’il est encore possible d’en réaliser de bons, voire de très bons dans le cas présent. Dans ce remake du film éponyme de Delmer Daves de 1957, on retrouve tous les ingrédients parfois caricaturaux du genre : cowboys et Indiens (ces derniers font par contre une très brève apparition) , « roulettes » de colts, portes de saloon à double battant, whisky, canyons, dynamite, attaque de diligence, etc. Bref quasiment du Lucky Luke (ah non, sans toutefois le goudron et les plumes…) !
Le trait est parfois un peu forcé avec l’utilisation de codes indispensables, mais le réalisateur réussit le pari à ne pas « moderniser » le genre, ni ne tente de refaire un « vieux film » : 3H10 pour Yuma est tout simplement un western qui se tient, crédible, avec de bonnes gueules et surtout de bons acteurs, dont évidemment en tête le très performant Russell Crowe dans son rôle de « vrai-faux » méchant et Christian Bale, fermier boiteux, le seul à avoir gardé une dignité (et aussi Ben Foster, Peter Fonda, ou le jeune Logan Lerman…). L’accent est plutôt mis sur la psychologie et les relations entre les personnages principaux, leur morale et leur éthique bien à eux, davantage d’ailleurs que sur les scènes d’action, même s’il n’en manque pas et même si elles participent pleinement au plaisir pris avec ce film. A noter également des dialogues qui font mouche et une fin héroïque particulièrement réussie.
Une fois que les Indiens ont eu droit a une certaine reconnaissance ou sont devenus les égaux des visages pâles (La flèche brisée, un des premiers westerns « pro-indiens », date de 1950 et est signé Delmer Daves), une fois que la toute puissance ou la virilité du cowboy a été remise en question, une fois que le genre a été détourné par les Italiens, le western n’avait plus grand chose à dire dans les années 1980 et 1990…
Pourtant, il revient ponctuellement depuis. Quelques navets : Mort ou vif de Sam Raimi en 1995 (?), Wild wild west de Barry Sonnenfeld en 1999, Shangai kid de Tom Dey en 2000 (?). Mais pas seulement : Kevin Costner réalise une belle œuvre avec Danse avec les loups (1991), une seconde tout à fait efficace avec Open range (2004). Des œuvres magistrales également : Clint Eastwood a inventé ou développé le western crépusculaire avec le sublime Impitoyable (1992), plus récemment L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik (2007) assombrit un peu plus le genre.
Le western se répand même ailleurs sur les autres productions actuelles. Brokeback Mountain d’Ang Lee (2006) ou There will be blood de Paul Thomas Anderson (2008) ne sont pas des westerns mais empruntent des éléments propres au genre.
Je trouve, finalement, que le western revient plus qu’il n’y paraît ces derniers temps ; à la liste citée par Ornelune on peut également ajouter No country for old men des frères Coen (2008) soit pas loin de quatre films en quelques mois (beaucoup plus qu’au cours des années 1980), mais aussi Kill Bill vol. 2 de Tarantino (2004) ou Babel d’Alejandro Gonzalez Iñárritu (2006) qui comportent des scènes s’apparentant au western.
Dans 3h10 pour Yuma, James Mangold soigne l’esthétisme : beaux plans, belles images, bonnes gueules. A la prestation de Russell Crowe soulignée par Ludo, on peut d’ailleurs associer celles de Ben Foster et du vétéran Peter Fonda, excellents. Mais il fallait bien ça pour faire passer ce qui n’est finalement qu’un remake…
Un seule point sur lequel je peux être d’accord avec toi, Ludo, ce western reprend bien les codes du genre. C’est logique puisqu’il s’agit d’un remake dont l’original date de 1957, en pleine période far-west.
Si je ne pense pas qu’il y ait des époques favorables à la réalisation de bons westerns récemment Open range, plus loin Impitoyable et Danse avec les loups), celui-ci appuie la thèse qu’au-delà du genre, les indispensables ingrédients d’un film sont toujours son scénario et la définition de la logique des personnages.
Hélas, en ces deux points, 3h10 pour Yuma est une catastrophe. Comment justifier que Christian Bale – pauvre et faible paysan – s’entête à vouloir livrer à la justice un dangereux et implacable tueur qui l’amènera inévitablement à sa perte ? Concernant le méchant Russell Crowe, ses orientations sont encore plus insensées de même son « garde du corps » à se faire arrêter jusqu’à prendre conscience que ce type (Bale) est valeureux et ne méritait pas un sort aussi cruel (la mort) et donc décide de buter ses propres compères. Allons, allons, faudrait pas se moquer de nous, ça ne ressemble à rien.
Je ne pense pas que « 3h10 » sonne le glas du western moderne mais il démontre simplement qu’on peut vite passer à côté de son sujet. Une énorme déception, un très mauvais film.
Oh la. C’est toi qui te détournes du sujet mon ami. Merci Ludo pour ce commentaire très juste. Je n’aurais rien d’autre a rajouter mis a part que 3h10 to Yuma sonne effectivement « le glas » du western moderne destiné à cette société de consommation alors qu’Hollywood avait totalement délaissé ce genre ces dix dernières années. « Fan » du genre on peut dire que je n’ai pas du tout été déçu, même plutôt surpris de la réussite du film. Et je voudrais terminer en disant que c’est une énorme déception de voir des critiques désinvoltes sans réelle argumentation (as-tu vraiment vu le film ou t’es-tu endormi ? toi seul le sais).
Film bien sympathique et final en effet très réussi, quand on voit que tous sont prêts à jouter de la gâchette et risquer leur vie pour quelques dollars, même de simples citadins recrutés sur le tard par le très méchant Ben Foster, alors que le fermier Bale est le seul à accorder un peu d’importance et à préserver des valeurs vite balayées dans ce monde qui s’échafaude sur l’argent et la modernité industrielle (la locomotive ! ne l’oublions pas, puisque toute la trame du film peut aussi être réduite à un train à prendre). C’est simple mais bien fait et les acteurs sont très plaisants. Mieux qu’un Lone ranger (Verbinski, 2013) pour allonger la liste commencée. Un peu moins intéressant toutefois qu’un True grit (Coen, 2010) pour prendre un autre remake. Pas non plus aussi « extraordinaire » (ou original) que La dernière piste (Reichardt, 2010) ou le Django de Tarantino (2012). Et l’on s’aperçoit là que les westerns connaissent un regain d’intérêt…